Civilisation et religion (du 8 au 25 juin 2012)

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18 sujets de 1 à 18 (sur un total de 18)
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  • #1780
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      Il est politiquement incorrect de nos jours de parler de “civilisation chrétienne” et de “civilisation musulmane” au risque de les mettre en concurrence et de les hiérarchiser. Mais cette terminologie n’introduit-elle pas une confusion entre deux domaines distincts, ceux précisément de la civilisation et de la religion? Qu’est-ce qu’une “civilisation”? Qu’est-ce qu’une “religion”? La civilisation pourrait être définie comme ce qui fait que l’homme devient plus homme. Il serait alors possible de considérer les religions en elles-mêmes pour saisir de façon critique leur contribution à la civilisation.

      Par: Marie-Joseph, le 08.06.2012

      #1781
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        La civilisation est la recherche d’un mode de vie pour un peuple déterminé (Grecs, Romains). Elle a une fin terrestre.
        La religion relie l’homme à une entité supérieure.
        La religion chrétienne est apparue à Antioche et comme elle est fondée sur le Christ, elle perdurera éternellement.
        Le Pape a dénoncé ce 8.06.12 la désacralisation croissante de notre foi. Et un de mes amis catholiques prétend que nous vivons actuellement une ère terrestre post-chrétienne. Conclusion : il ne faut pas mélanger l’eau et le feu. Il y a baisse de ferveur religieuse chrétienne dans une civilisation de mondialisation décadente, mais les deux choses ne sont pas à mettre dans le même panier, même si elles peuvent influer l’une sur l’autre.

        Par: Bussien René, le 10.06.2012

        #1782
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          Les chrétiens — catholiques compris — sont par baptême triplement ennoblis : prêtre, prophète et roi. Dans l’Histoire, l’Église n’a accordé de place qu’au premier (le sacerdoce) et au troisième (l’empereur), toute parole prophétique étant de fait taxée d’hérésie : 1er suicide (religieux).
          Dieu ne préfère pas les musulmans aux chrétiens. Ce sont les chrétiens qui se sont éliminés eux-mêmes de l’histoire en éliminant le prophétisme.
          La question de la “civilisation chrétienne” sera bientôt réglée du simple fait démographique. Pas besoin de guerre sainte : ni croisade, ni djihad. L’Occident va — sous la coupe des Bilderberg — se doter d’un nouveau grand leader totalement acquis au seul Pouvoir reconnu partout : celui de Mammon. Et ce leader sera un Mormon : Mitt Romney. Qu’est-ce qu’on parie que, face à l’islam qui l’affole, l’Occident va encore se tirer une balle dans le pied (2e suicide, civil ou profane, celui-là) en prenant pour chef ce Grand Chef Mormon ?
          Relire l’Épître aux Romains !

          Par: Vauthey Jean-Pierre, le 10.06.2012

          #1783
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            L’Islam a mis fin au prophétisme en déclarant que Mahomet était le dernier prophète. Il a sacralisé des coutumes locales en identifiant islamisation et arabisation. Il a enfermé la religion dans un processus politico-culturel historique, enfermant l’Islam dans un retour permanent à un âge d’or historique celui de Mahomet.
            La religion a toujours un aspect historique, étant une concrétisation pour un temps donné du message prophétique. L’originalité du christianisme est de transcender l’histoire en plaçant son message non dans un écrit, mais dans une personne ressuscitée Jésus-Christ et dans l’Esprit Saint. Cela permet aux chrétiens une autocritique permanente et un renouvellement permanent. Comme le disait Jean-Paul II, le christianisme fait œuvre d’inculturation (d’incarnation dans une culture), c’est-à-dire qu’il valorise ce qui humanise dans une culture donnée et expurge ce qui déshumanise. Il contribue à la civilisation sans s’identifier à elle. Par exemple, dans la culture gréco-latine, il a repris les vertus cardinales qui caractérisent l’homme civilisé (prudence, justice, force, tempérance) en ajoutant les vertus théologales (foi, espérance, charité), la charité étant l’âme de toute vertu authentique. La quête de la sagesse s’enrichit du Christ et de la révélation judéo-chrétienne (notamment les dix commandements et les béatitudes). Les chrétiens d’Asie valorisent la civilisation de l’harmonie et l’enrichissent de la sagesse du Christ. Je pense que les chrétiens d’Occident doivent retrouver la foi comme une sagesse de vie et non pas seulement comme une option personnelle.

            Par: Marie-Joseph, le 11.06.12

            #1784
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              J’aime prendre comme définition du terme “religion” : ce qui relie. Si une doctrine cohérente relie les hommes entre eux, j’estime avoir affaire à une religion.
              Pour le terme de “civilisation”, je pense avoir affaire à un très grand groupe d’humains qui a réussi à vivre ensemble pendant un bon moment.
              Dans cette optique, une religion influence une civilisation.
              J’aime beaucoup voir le prophétisme comme l’affirmation publique de la vérité quels que soient les risques pris par celui qui la proclame. Mais je ne vois pas en quoi cela le rend différent du prosélytisme.

              Par: Didier Favre, le 11.06.2012

              #1785
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                Je pense que c’est tout à fait normal de parler de civilisation chrétienne et musulmane. Pourquoi? Une civilisation est l’ensemble des caractéristiques spécifiques à une société, une région, un peuple, une nation, dans tous les domaines : sociaux, religieux, moraux, politiques, artistiques, intellectuels, scientifiques, techniques… Les composantes de la civilisation sont transmises de génération en génération par l’éducation. Alors je pense que c’est normal que l’on puisse faire la distinction entre les deux civilisations. Car il y a une grande différence entre les deux, bien que tous les deux viennent d’un même ancêtre qui est Abraham, simplement les deux religions nagent dans deux mers différentes.

                Par: Claude Sunnay, le 11.06.2012

                #1786
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                  Je corrige ma vision de la civilisation. Il me faut accepter la dimension de “l’homme qui devient plus homme”. Si je refuse cela, j’accepte que des choses comme le nazisme sont “civilisatrices”. Je pense pouvoir refuser cela.
                  Par contre, “l’homme qui devient plus homme” implique que la nature humaine existe et qu’elle est positive. Ces deux points sont discutés. La nature humaine est (dans l’état de mes connaissances) refusée par Lacan, Hayek et Dawkins. Son côté positif est refusé par von Neumann (inventeur de la cybernétique), Hobbs et Adam Smith (toujours dans l’état de mes connaissances).
                  À part une forte sensation de vérité quand je considère ces deux points, je n’ai aucune défense rationnelle en leur faveur. Est-ce que c’est nécessaire ?

                  Par: Didier Favre, le 11.06.2012

                  #1787
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                    Effectivement, la question de la nature humaine est centrale dans ce débat. Les animaux n’ont pas besoin de civilisation pour exister. Une approche empirique est possible : quels sont les éléments d’une civilisation qui favorisent la bonté, la beauté artistique, la solidarité, la paix, la justice, etc. ? C’est dans ce sens que l’on peut parler de civilisation qui humanise, c’est-à-dire qui crée des relations humaines fraternelles et non fratricides. Une civilisation qui déshumanise finit par s’autodétruire. Le matérialisme ambiant de notre société occidentale la met en danger. La pensée judéo-chrétienne a une très haute idée de la personne humaine, qu’elle déclare à « l’image de Dieu ». Elle voit la personne humaine appelée à la communion fraternelle, dans laquelle elle trouve son bonheur, à l’image de la Trinité. Pensée hautement civilisatrice, d’ailleurs à l’origine des droits de l’homme. Ceux-ci sont depuis quelques années remis en cause par le « culturalisme », qui remet en question l’universalité de la nature humaine au profit d’une culture donnée (comme la charia). C’est pourquoi, il est important, me semble-t-il, de définir philosophiquement – et pas seulement sociologiquement – le concept de civilisation.

                    Par: Marie-Joseph, le 11.06.12

                    #1788
                    Webmaster
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                      Un prophète dit la vérité. C’est douloureux dans plusieurs sens. À mon avis, le prophète donne la vérité comme on raconte sa rencontre avec quelqu’un de vraiment intéressant et respectable. Je crois que le premier mot-clef est “rencontre”. Le second mot-clef est “rapporter” les paroles de Celui-qui-a-été-rencontré. L’estime accordée à cette personne donnera la force de conviction du prophète. La valeur des paroles de cette personne donnera la puissance du message du prophète. Une rencontre s’offre à nous: Jésus Christ. Je me suis laissé dire par des gens dignes de confiance qu’Il est vraiment intéressant. Sa résurrection change vraiment tout. Un certain Paul de Tarse l’écrit avec enthousiasme. Était-il un prophète? Et puis, c’est quoi un prophète? Comment séparer un faux d’un vrai prophète? Est-ce que dans le fond, ce problème n’est pas celui de la reconnaissance de la valeur des personnes dans l’Église? Est-ce que ce ne serait pas le sentiment que je ressens face à n’importe quel dogme? J’ai l’impression que ces trucs sont intouchables car je ne peux pas y tracer mon chemin pour l’explorer.

                      Par: Didier Favre, le 12.06.2012

                      #1789
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                        Répondre à la question qu’est-ce qu’un prophète, situe en même temps la fonction prophétique de la religion. Je pense aussi que le prophète est le témoin d’une rencontre personnelle. Tout chrétien est prophète dès lors qu’il témoigne de sa rencontre personnelle avec Jésus-Christ. Dans la première communauté chrétienne le charisme prophétique est celui qui éclaire un événement à la lumière de l’Écriture, projetant sur celui-ci la lumière de la Révélation, un peu comme un négatif qui, plongé dans un bain, va en révéler la photo couleur : nos vies à la lumière de l’Évangile prennent un sens nouveau, plein d’espérance. Le prophète authentique apporte une vraie espérance. La religion est prophétique quand, par exemple, elle dit non à l’avortement et à l’euthanasie, en apportant une espérance réelle et concrète. Mais la religion se dénature quand elle est instrumentalisée par la politique, comme par exemple l’Inquisition espagnole au 16e siècle. La religion doit exercer exclusivement un pouvoir spirituel, celui de la foi, de l’espérance, de l’amour et de la miséricorde. Elle est alors loin du prosélytisme, mais elle témoigne et propose. Et c’est la prière, l’ouverture à l’Esprit Saint, qui fait passer du discours à la rencontre, qui transfigure la vie personnelle et sociale.

                        Par: Marie-Joseph, le 13.06.2012

                        #1790
                        Webmaster
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                          J’associe au terme de «civilisation», plusieurs peuples, une cosmogonie, une vision du monde, une idée de ce qui est bien et mal.
                          Deux civilisations représentent plusieurs peuples, deux cosmogonies, deux visions du monde, deux idées de ce qui est bien et mal.
                          Elles ne se recoupent pas forcément.

                          Par: Didier Favre, le 18.06.2012

                          #1791
                          Webmaster
                          Modérateur

                            Pour mettre en dialogue des civilisations, au sens sociologique, il me semble qu’il est nécessaire de dégager un concept philosophique de la civilisation en se posant ces questions : Qu’est-ce qui rapproche les peuples? Qu’est-ce qui favorise la paix? Qu’est-ce qui encourage le dialogue? Les civilisations sont susceptibles d’acculturation, c’est-à-dire d’interpénétration par échange des dons. Jean-Paul II s’est beaucoup engagé dans ce dialogue entre les religions pour qu’elles deviennent de plus en plus un facteur de paix. La rencontre d’Assise en 1986 est emblématique (et celle de Benoît XVI, 25 ans plus tard). Mais, plus encore qu’une civilisation, ce qui caractérise une religion, c’est sa vision englobante, de Dieu, de l’homme et du monde. Cependant, les conceptions différentes et parfois franchement opposées devraient être accueillies sous la forme d’une «disputatio» médiévale, c’est-à-dire d’une confrontation argumentée et respectueuse. Le sens de la transcendance, le sens de l’autre, devrait permettre un dialogue enrichissant et pacifique.

                            Par: Marie-Joseph, le 19.06.2012

                            #1792
                            Webmaster
                            Modérateur

                              Qu’est-ce que le concept philosophique de civilisation? Jolie question. Il faudrait disposer d’une philosophie. Je la vois assez venir d’une civilisation donnée. Cette civilisation est elle-même formée par cette philosophie. Le coup de la poule et de l’œuf est servi ici.
                              Je vois assez cela comme une chance. La poule fait l’œuf et l’œuf fait la poule. La civilisation fait la philosophe et la philo fait la civilisation. Je vois cela comme un dialogue entre la civilisation et sa vision d’elle-même.
                              Cette idée rend la présence des humains nécessaire. Ils sont là pour permettre cette mise en relation de ces deux concepts ou groupes de concepts.
                              Cette idée rend l’idée d’un projet de vie en commun absolument nécessaire. Sans cela le dialogue précité est parfaitement inutile. C’est un appel qui doit être lancé aux humains formant le ou les peuples de cette civilisation.
                              Cet appel me semble obligatoirement inciter les humains touchés par ce dernier à un but qui les dépasse tous. Sans cela, le dialogue est d’une parfaite inutilité.
                              Tout cela est bien beau et doit accepter les limites humaines. Dans le cas de l’appel, sa présence, son existence doivent être rappelées, redécouvertes au niveau de chacun. S’il ne devient qu’un corpus de textes dans un ensemble de livres et qu’il ne concerne pas les personnes, c’est un instrument. C’est un moyen de cacher ou de se cacher la vérité. En d’autres mots, cet appel à un projet de vie en commun doit être redécouvert sans cesse par chaque membre de chaque civilisation. C’est incertain, instable, trop souvent indéfini mais terriblement humain.
                              Je n’ai pas la réponse à ma question. J’ai une piste. C’est peu et je m’en contente avec joie.

                              Par: Didier Favre, le 19.06.2012

                              #1793
                              Webmaster
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                                La philosophie ne s’identifie pas à la civilisation. Elle pose les questions essentielles à la condition humaine : comment parvenir à la sagesse, au bonheur ? Par essence, la philosophie est universelle, parce qu’elle s’interroge sur l’homme en tant qu’homme. Elle cherche ce qui rend une civilisation plus civilisée, c’est-à-dire plus humaine, plus fraternelle. Son outils est la rationalité. Elle puise dans l’expérience humaine et les religions peuvent lui apporter une aide. Par exemple, cette affirmation de saint Jean : « Celui qui aime son frère demeure dans la lumière » (1 Jn 2, 10) met un lien étroit entre vérité et amour de l’homme.

                                Par: Marie-Joseph, le 21.6.2012

                                #1794
                                Webmaster
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                                  La valeur de la philosophie est donc ses questions. Elle lance aux humains ses questions. Elle les lance à tous les humains de toutes les civilisations et religions.
                                  Dans cette relation, la religion devient une réponse à ces questions. La philo est, dans cette relation, innocente de l’instrumentalisation des savoirs et des incompréhensions. Elle ne fait que poser des questions et ce sont toujours les mêmes pour tous les humains. Elle va donc les unir.

                                  Par: Didier Favre, le 22.06.2012

                                  #1795
                                  Webmaster
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                                    La philosophie, par son approche rationnelle et universelle, contribue au dialogue et aide les hommes sur le chemin de la sagesse. Elle les unit, en effet, dans cette quête. Luc Ferry tente d’apporter à l’homme agnostique de notre temps des repères moraux fondés sur le respect et la bienveillance. Mais il ne peut fonder la raison d’être du respect et de la bienveillance. Dans cette problématique, l’on perçoit le rôle irremplaçable de la religion quand elle apporte une raison d’être à l’amour du prochain.

                                    Par: Marie-Joseph, le 23.06.2012

                                    #1796
                                    Webmaster
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                                      La première question pourrait être l’expression du respect et de la bienveillance. Comment les reconnaître? Pourquoi ont-ils de la valeur? Comment s’expriment-ils?
                                      La deuxième question serait quelle morale est active? Elle n’est pas forcément fondée sur le respect et la bienveillance.
                                      Une troisième question serait pourquoi la morale est absolument nécessaire dans une civilisation?

                                      Par: Didier Favre, le 24.06.2012

                                      #1797
                                      Webmaster
                                      Modérateur

                                        À la première question, répond Luc Ferry : c’est l’expression commune d’un acte moralement bon. À la deuxième, nous voyons les limites de la philosophie : elle peut bien énoncer les principes de la morale, elle ne peut changer le cœur de l’homme. C’est là précisément où prétendent agir les spiritualités. Enfin, pourquoi la morale ? Car l’homme n’est pas un automate et il n’agit pas toujours selon le bien commun. L’histoire humaine démontre la capacité civilisatrice d’une civilisation donnée. La liberté humaine fait que rien n’est jamais gagné, mais qu’un progrès moral est possible. Je pense qu’une civilisation digne de ce nom ne peut être athée, matérialiste, positiviste. Elle perd alors toute raison d’être, toute finalité. Mais faut-il encore que la civilisation face place à un Dieu non pas dictateur ou paternaliste, mais aimant et fondateur de la liberté, de la dignité et de l’amour de l’homme. À ce titre, le christianisme peut apporter une immense contribution. Pour cela, il faut passer d’une religion individualiste à une religion civilisatrice.

                                        Par: Marie-Joseph, le 25.06.2012

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