Lettre 19 (20 janvier 2019)

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Chers amis,

C’est avec grand plaisir que nous vous partageons notre enthousiasme qui n’a pas pris une ride concernant le projet Koïnonia. Celui-ci s’affirme chaque jour davantage comme une réponse aux signes de notre temps et dans chacune de nos vies !

Depuis l’automne dernier, P. Marie-Joseph ne donne plus de cours à l’université. Le voilà pour sa part totalement disponible pour Koïnonia.

Et voici qu’il passe une période instructive ! S’étant libéré de toute contrainte au niveau du ministère pastoral, il traverse une période de transition qui lui fait expérimenter ce que beaucoup de chrétiens éprouvent : il ne se sent pas inclus dans un projet d’Église et ressent ainsi un certain isolement. C’est la première fois qu’il expérimente cette forme de solitude. Il mesure d’autant mieux la pertinence du projet Koïnonia, qui offre aux chrétiens un lien de communion et des lieux de vie.

James Mallon, prêtre et théologien canadien, dans son livre « Manuel de survie pour les paroisses » (2014), rapporte une enquête réalisée pour la Conférence épiscopale d’Amérique latine, dont s’inspire en partie le ministère du Pape François (cf. pp. 48-51). Elle se fonde sur le témoignage des chrétiens qui ont quitté l’Église catholique pour des communautés évangéliques. Voici le résultat de cette enquête :

« 1. Les fidèles avaient fait la « rencontre personnelle de Jésus-Christ » («profonde et intense ») dans d’autres églises, mais jamais à l’intérieur de l’Église catholique.

2. La présence d’une vie communautaire remarquable où les personnes sont « accueillies, se sentent valorisées et inclues de façons visible et ecclésiale ». Elles ont expérimenté cela quand elles ont rejoint les autres églises mais pas chez les catholiques.

3. La formation biblico-doctrinale, pas comme une connaissance théorique et froide, mais quelque chose qui apporte la « connaissance spirituelle, personnelle et communautaire » et conduit les fidèles à la maturité.

4. L’engagement missionnaire qui encourage les fidèles à quitter les bancs de l’Église pour aller à la rencontre de ceux qui sont loin et les inviter à revenir vers elle. » (p. 48).

Cette enquête, d’une certaine manière, appelle de ses souhaits le projet Koïnonia.

Koïnonia centre l’engagement des chrétiens (pas seulement les catholiques) sur ce qu’il y a de plus essentiel dans la vie de l’Église et qui lui est vital : la communion, les charismes, l’enracinement dans la prière, la solidarité et sa vocation à l’œcuménisme. Comme P. Marie-Joseph aime à le dire : « L’Église catholique, comme le Concile Vatican II l’a souligné, a la vocation de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés (cf. Jn 11, 52) ».

Dans le monde d’aujourd’hui, les chrétiens se sentent de plus en plus isolés. L’enthousiasme chrétien est toujours très fertile et ingénieux lorsqu’il est dynamisé par et pour le partage. Il exprime un débordement d’amour qui ne s’épanouit finalement que dans le vis-à-vis avec Dieu et avec le prochain.

Beaucoup de nos monastères et couvents se vident, faute de vocations. Nos communautés religieuses, à l’instar de l’Église tout entière, vivent une crise profonde. Il y a urgence. Une crise est toujours l’annonce d’un changement. Elle est donc aussi un appel au discernement.

Nous pourrions aider toutes ces communautés chrétiennes qui ont tenu bon, malgré une baisse drastique des vocations en investissant tous ces magnifiques lieux de vie chrétienne, par de nouvelles vocations laïques engagées qui vivraient à côté des anciennes.

Le projet Koïnonia se situe dans les pas d’une « sobriété heureuse », comme dirait Pierre Rabhi, en harmonie avec « l’écologie intégrale » du Pape François. En transformant nos édifices pour qu’ils s’adaptent à de nouvelles formes de vie, l’Église permettra à l’actuelle vie quotidienne désenchantée de nombreux chrétiens, d’être un témoignage de leur amour pour le Christ.

La crise profonde que traverse l’Église peut être une chance, si elle comprend comment se recentrer sur ce qui va la vitaliser. Il nous faut aller au-delà de nos anciens schémas, qui ne correspondent plus aux aspirations chrétiennes d’aujourd’hui, parce qu’ils étaient intimement liés à la Chrétienté.

Koïnonia n’est pas une nouvelle fondation parmi d’autres, mais bien un appel à se recentrer sur le Cœur de l’Église, à la manière de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, quand elle avait découvert sa vocation : « Au cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’Amour ». Koïnonia répond à cet appel de façon organique et communautaire (voir la charte).

La nouvelle étape pour Koïnonia, dans ce contexte, c’est de présenter ce projet au niveau des Conférences épiscopales et des Conférences des Supérieurs majeurs (des communautés religieuses).

Si le projet Koïnonia vous interpelle, écrivez-nous : nous serions heureux de pouvoir vous associer à ce grand projet (contact)

Belle nouvelle année à tous et à toutes, dans le dynamisme de l’Esprit, en communion avec le Christ ressuscité. Qu’elle vous apporte joie, confiance, fraternité et espérance. Nous nous confions à vos prières et nous vous assurons de la nôtre toute remplie d’enthousiasme !

P. Marie-Joseph Huguenin et Michelle Foucault