Au travers de toutes les figures féminines de la Bible et des Évangiles, comme au travers d’innombrables vies de femmes, une caractéristique, jaillie de leur for intérieur, qui leur est fondamentalement commune, réside dans l’anticipation.
C’est pourquoi j’appelle la femme sacerdotale : « l’anticipatrice ». Cette inspiration me fut donnée, il y a maintenant plusieurs années, pendant l’oraison. Et plus j’avance, plus je la trouve pertinente.
Je pense qu’il existe un véritable sacerdoce féminin qui est celui de l’anticipation et de l’onction, et par là même, du lâcher-prise et de la confiance.
En se privant de ce signe, de cette présence et action concrète autour de l’autel, dans son organisation et dans ses décisions, l’Église se coupe de son juste rayonnement dans un monde devenu libre de croire ce qu’il veut, pour une grande part, d’ailleurs grâce à son message.
Dans le christianisme, l’incarnation de Dieu se fait dans le secret et s’entoure d’une mère et d’un père, Marie et Joseph.
Joseph déposera Jésus sur l’autel de la mangeoire de la crèche ! Signe prophétique qui n’est pas sans rapport avec les prêtres et le sacrement de l’Eucharistie.
Et c’est pourquoi, à la question : pourquoi n’y aurait-il pas de femme prêtre ? Il me semble pertinent de répondre : « on ne peut pas être à la fois la figure de l’accoucheur et la figure de l’accouchée ».
C’est à la figure du père quand elle se fait rassurante, qu’il revient de couper le cordon, d’inviter l’être en devenir à sortir d’un dedans pour aller vers un dehors… d’un connu vers le mystère !
Jésus naîtra masculin et Il nommera Dieu « Abba Père ». Non pas que Dieu soit uniquement masculin, mais parce que la vie humaine dans la révélation est un « aller vers », non pas un « retour » !
C’est pour nous que Dieu se présente comme masculin. C’est pour nous que Jésus naîtra « homme ». Une renaissance dans le Christ s’entend comme l’entrée dans une vie « nouvelle » marquée de son sceau royal, sacerdotal et prophétique pour les hommes comme pour les femmes.
Par sa masculinité et son incapacité à contenir, Jésus nous dit : tu es libre. « Tout pouvoir m’a été donné… » mais je te veux libre.
« Va vers toi-même » est-il dit à Abraham !
Il serait donc, à mon sens, dommage de perdre ce signe que représente la masculinité du prêtre, mais il est tout aussi dommage que nous nous privions du signe que représente la féminité de l’anticipatrice. Et l’un ne va pas sans l’autre !
Autour de l’autel de la mangeoire, toute l’humanité était là à travers la présence masculine de Joseph, et féminine de Marie.
Michelle Foucault