
28e Dimanche du temps ordinaire
12 octobre
« Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » (Lc 17, 11-19)
Jésus arrivant près d’un village est accueilli par dix lépreux qui vont à sa rencontre. Cohorte bouleversante de la misère humaine. La loi de Moïse les excluait des villages, les déclarait impurs pour qu’ils ne contaminent pas l’ensemble de la population. Pourtant, la lèpre ne se transmet pas aisément. Pour la contracter, il faut avoir des carences alimentaires et manquer d’hygiène. La lèpre représente bien la misère humaine et si elle est encore présente dans 128 pays dans le monde, elle représente aujourd’hui le scandale de l’injustice sociale, du manque de partage des richesses, de la santé et de l’éducation. Cela veut en dire long sur notre monde.
Les dix lépreux de l’Évangile expriment par leur nombre une totalité comme les dix doigts d’une main, celle de l’indigence humaine. L’homme est un être blessé, atteint dans son intégrité, dans sa dignité. Il souffre toujours plus ou moins d’un manque. Manque d’amour, manque de reconnaissance, misère cachée, honteuse.
Ces dix lépreux représentent donc l’humanité qui se tourne vers Jésus, qui crient vers lui. Ils reconnaissent plus ou moins qui il est, puisqu’ils l’appellent « Maître » et mettent leur espérance en lui. Souvent, l’homme qui souffre se tourne vers Dieu. Il sent au plus profond de lui-même l’appel à être sauvé, consolé, guéri. Ce désir de guérison, de plénitude, inscrit dans le cœur de tout homme, vient de Dieu. Même s’il ne le sait pas, l’homme est appelé à la résurrection, à la plénitude de la vie éternelle.
Jésus leur répond d’une manière étonnante. Il leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres ! » Écoutant la parole de Jésus, ils y vont, sans encore être guéris. Mais c’est cette démarche qui va les guérir tous. Jésus veut ainsi montrer que c’est lui qui guérit, mais en lien avec les prêtres, c’est-à-dire avec ceux qui, en offrant des sacrifices, intercèdent continuellement pour que les hommes retrouvent et vivent l’alliance avec Dieu. En effet, l’homme est atteint de la lèpre du péché parce qu’il est en rupture avec Dieu. Le sacrifice eucharistique renoue sans cesse l’alliance avec le Dieu des miséricordes. C’est dire l’importance de l’Église des baptisés, qui est un peuple de prêtres qui intercède pour le monde en s’unissant à l’offrande eucharistique. L’Église agit dans le monde entier pour soulager la misère du monde sous toutes ses formes, de la santé physique à la santé spirituelle, qui consiste à connaître et à aimer Jésus, à construire la communauté nouvelle illuminée et comblée d’amour et de miséricorde. Elle engendre aussi une culture du partage et des soins pour tous.
Un seul d’entre les lépreux retourne sur ses pas pour rendre gloire à Dieu en se prosternant devant Jésus. Celui-là seul sera vraiment guéri non seulement dans son corps, mais aussi dans son cœur. Il vit déjà une résurrection dans son cœur, car Jésus lui dit : « Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé ».
Nous aussi nous risquons parfois de n’en rester qu’à la guérison du corps. C’est important, bien sûr, mais est-ce suffisant ? Le Christ, aujourd’hui, par l’intermédiaire des médecins, opère bien des guérisons. Car c’est Dieu qui a donné aux hommes un tel pouvoir. Mais la guérison du cœur est tellement plus importante ! Or notre cœur ne peut être guéri que s’il retrouve l’alliance avec Dieu, notre Père. Le Père seul peut nous combler en nous donnant l’Esprit Saint et le Pain de Vie. Le Père nous invite à nous rassembler dans l’amour fraternel. Si le monde ne sait plus s’engager clairement pour la fraternité et la paix dans le monde, c’est parce qu’il ne comprend plus cette vérité fondamentale : le Christ seul peut nous libérer de la lèpre du mal. Il doit redevenir le centre de nos cités, car lui seul est la Source de vie.
Nous qui nous approchons de Jésus en cette eucharistie pour lui rendre grâce pour tous ses bienfaits et nous nourrir de sa vie, prenons conscience que nous sommes envoyés comme des témoins dans le monde d’aujourd’hui pour lui annoncer la guérison et la Vie en Jésus-Christ. Amen !
Prière universelle
- Pour ceux qui ont une influence sur la vie de leurs contemporains au plan moral ou politique. Qu’ils témoignent de l’importance de l’intégrité morale. Dieu, notre Père, nous te prions.
- Pour que l’Église soit reconnue comme le lieu de la guérison du cœur. Dieu, notre Père, nous te prions.
- Pour ceux qui souffrent dans notre entourage. Qu’ils ne s’isolent pas, mais se tournent vers Dieu et vers tous ceux qui peuvent les aider. Dieu, notre Père, nous te prions.
- Pour nous tous ici réunis. Que cette eucharistie comble notre cœur de paix, d’amour et de reconnaissance. Dieu, notre Père, nous te prions.
P. Marie-Joseph Huguenin
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